17
Avril
2012
- Michel Rostain, né en le 18 septembre 1942 à Mende (Lozère), est metteur en scène de théâtre lyrique et musical et un écrivain français [...]
- Le Fils a été publié chez Oh ! Éditions en janvier 2011.

"Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu'il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu'il porte à la teinturerie comme on porterait le Saint-Sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier - recondoléances, etc. - débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, un file d'attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd." Michel Rostain nous happe dans le récit d'un deuil impensable. Avec une infinie pudeur et une grande finesse, il nous entraîne dans les méandres d'un amour absolu, celui d'un père pour son fils.
Editeur Oh ! Éditions
de 2011, 173 pages
Dans ce roman à la fois mi-réalité et mi-fiction, Michel Rostain nous livre un récit poignant à l'écriture saisissante dans lequel il fait parler son fils Lion décédé à l'âge de vingt ans d'une méningite foudroyante.
Ce qui fait le charme de ce livre, c'est que l'auteur donne la parole à Lion pour décrire les tourments d'un père en deuil, ainsi cela nous permet de mieux analyser cette douleur terrible.
Même si ce témoignage est émouvant dû aux larmes et à la colère que peut causer la perte d'un enfant, il n'est pas déprimant pour autant car notre narrateur nous décrit tout ceci avec un brin d'humour et d'impudence et aussi il nous fait part de quelques questions imaginées nous donnant parfois le sourire.
En conclusion, j'ai été touchée par cette lecture, étant aussi un hymne à la vie dont la fin est pleine d'espoir.
Un prix bien mérité pour ce premier roman de l'auteur !
Papa ne me reverra plus que dans une heure, quasi mort, respirant encore, respirant encore, respirant le temps pour lui de comprendre qu'en fait c'est une machine qui me fait respirer, allure de vie, tuyau qui sort de ma bouche, entrée et sortie de l'air, ce n'est plus mon air, ce n'est plus ma vie, c'est l'air d'un appareil.
Que la mort de Lion soit encore un moment de vie, pas un moment de rien.
Je n'ai rien à dire : un mort ça ferme sa gueule. D'ailleurs, un mort, ça n'a pas de gueule.
"Nous sommes tous des analphabètes du sentiment."
"Un père qui hérite de son fils, ce sont des enchaînements des mots inconcevables. Désordres du temps."
"La mort, c'est une machine à regrets."
"Ne pas se cramponner au passé,vivre purement le présent,le bonheur serait là."