31
Août
2011
- Journaliste et réalisatrice de télévision, Frédérique Deghelt est une voyageuse infatigable [...]
- La grand-mère de Jade a été publié pour la première fois en 2009 aux éditions Actes Sud.

J'ai beaucoup lu, depuis très longtemps. Je suis une lectrice assidue, une amoureuse des livres. On pourrait le dire ainsi. Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en n'a jamais rien su pendant toute notre vie commune. Jade eut l'impression que Mamoune lui assénait cette révélation comme si elle avait fait le trottoir, transformant la lecture en une activité inavouable.
Editions Actes Sud
de 2009, 391 pages
Frédérique Deghelt nous plonge dans une histoire émouvante où deux femmes de générations différentes, s'aimant déjà, se découvrent et s'émerveillent réciproquement avec la littérature comme passion commune.
Au fil des pages, l'auteure nous fait découvrir une grand-mère qui a cultivé sa passion littéraire, dans une écriture nuancée de sentiments passant d'une octogénaire à une jeune femme trentenaire.
Par ailleurs, ce roman aborde aussi les difficultés d'écrire que rencontre l'écrivain mais également le goût pour la lecture.
Par contre, même si ce récit est beau et assez réaliste, j'ai trouvé parfois quelques longueurs vers la deuxième moitié du livre. Cela dit, j'ai passé un bon moment de lecture mais je ne l'ai pas trouvé aussi bon que son autre oeuvre : "La vie d'une autre".
- J'ai beaucoup lu, depuis très longtemps. Je suis une lectrice assidue, une amoureuse des livres. On pourrait le dire ainsi. Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en a jamais rien su pendant toute notre vie commune.
Grâce à Mamoune, elle éprouvait des sentiments inconnus, des fils la reliaient à un monde plus ancien, elle sentait qu'elle pouvait suivre le cours de sa vie en continuant à tisser une trame dont elle était l'issue. Elle n'était plus ce puzzle dont elle cherchait à assembler les morceaux épars.
En rentrant de promenade, je me prépare du thé et regarde mes mains. Avec elles on ne se trompe jamais d'âge. Elles disent le travail accompli, les gestes répétés, le soleil en été, la dureté des hivers. Mes mains furent les compagnes de mon âme, les artisans des rêves accomplis, le fantômes des corps arrachés, des blessures restées ouvertes.
Pour peu qu'on voie l'auteur, on se demande ce qu'il fait là ; mais si au fil des pages sa chair disparaît au profit d'une belle écriture, si derrière les mots bien alignés, la langue noble, on ne sent plus son âme, alors soudain, on se demande où il est passé.
"Bonnes ou mauvaises, les conséquences de nos actes sont toujours des mystères."
"Notre vie est bâtie comme une série de pays reliés par des ponts."
"Il ne peut y avoir de décisions innocentes quand les enfants deviennent les parents de leurs parents."
"Nous sommes aveugles et ce que nous voyons chez nos plus proches c'est ce que nous croyons savoir d'eux."
"Toute révélation contient un acte d'amour mais est-ce bien ce que voit celui qui connaît désormais notre secret ?"
"Vivre dans la peur, c'est vivre à moitié."
"Prendre la rue du plus tard, c'est arriver à la place du jamais."
"Dire non à ses désirs profonds de vie, c'est dire oui à ses aspirations de mort."
"On ne regrette jamais ce qu'on a pas choisi. On regrette la chance qu'on a laissée passer..."